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Tess, 33 ans, 58 kg, 1,70 m.
Du pays du maghreb.

En ce temps là ...

Au début des années 80, les choses commençaient à évoluer. Nous n'étions pas nombreuses comme filles à faire du sport, mais nous formions un bon petit groupe.
J'avais 13 ans quand j'ai commencé à faire du sport et ma spécialité à l'époque était le demi-fond.
Si j'ai eu la chance que mes parents me laissent faire du sport, c'est parce qu'un de mes oncles travaillait dans ce domaine.
A force de harcèlement, ils ont fini par céder, en échange de bons résultats scolaires et d'une bonne participation aux tâches domestiques. C'était ça ou rien.
Mon oncle voyait en moi une athlète avec un bon potentiel, en raison de ma grande taille.
Premières difficultés. Hélas, le sport, la maison et l'école ont eu raison de ma santé.
A 18 j ai eu un grand surmenage qui m'a malheureusement obligée à tout arrêter et faire des suivies médicaux en cardiologie.

Je n'étais pas découragée pour autant et dès ma guérison, je m'y remettais de plus belle, au point d'en faire mon métier.
Les mentalités


Dés les années 90, j'étais pratiquement la seule fille dans ma ville à exercer cette profession réservée généralement qu'aux hommes. Je travaillais en clubs et j'avais décidé de me consacrer aux filles. Ce n'est pas facile dans notre société, surtout quand il s'agissait de faire des déplacements. Il fallait avertir et surtout convaincre les parents au moins une semaine à l'avance. Ici, il faut toujours faire attention à ce que pensent et disent les voisins, la famille et les proches.
Dès qu'on donne un peu de liberté à une fille, elle est toujours attendue à la moindre erreur. Et si par malheur elle commet une, on dira :
    " Bien sûr, on lui a donné trop de liberté".
Comme j'avais affaire aux adolescentes, il fallait gérer un autre problème, celui des petits copains. Les parents interdisent toute fréquentation à leurs filles. Mais ça ne les empêche pas de le faire en cachette.
J'ai souvent pris le risque de donner mon consentement sans que leurs parents le sache, à la seule condition d'être mise au courant à l'avance sur leurs intentions.
Je profitais de cette complicité pour les mettre en garde sur les conséquences de leurs actes. A savoir que chez nous, le garçon s'en sort toujours, mais jamais la fille.

J'étais passionnée de course sur route.
Hélas, je n'ai pas pu aboutir dans mes projets. J'ai rapidement été découragée par les entraînements. Il m'arrivait de courir avec une copine, les mains pleines de pierres pour nous défendre.
J'ai essayé de participer à quelques courses, mais ce fut l'enfer tout au long du parcours.
La décision. Pendant 10 ans, je me suis dévouée corps et âme à ce que je faisais, mais j'ai fini par abandonner, je n'en pouvais plus. J'étais tout le temps harcelée, on me cherchait toujours la petite bête, on ne reconnaissait jamais mon travail parce que je suis une fille. Si j'ai tenu le coup pendant toutes ces années c'est parce que j'avais pensais que les choses allaient s'améliorer, mais à mon grand désespoir, ce fur le contraire, la situation c'est dégradé de plus en plus et je sombrais de plus en plus dans la dépression.
J'ai confié mes athlètes à un collègue et je suis partie pour la France.
Je ne les ai informés que la veille de mon départ pour ne pas les déstabiliser, on a chaudement pleuré ensemble, car tout au long des ces années de galères, des liens de confiance et d'amour c'étaient créés.
Nous étions tous très liés les unes aux autres.
Mais il fallait que je change d'air.
La France.

En France, j'ai découvert les bons chocolats et les bons fromages... Comme je suis très gourmande, je ne me suis pas privée.
Mais gourmandise ne rime pas avec minceur.
Je me voyais prendre du poids et la cellulite commençait à s'installer. Il était temps de me remettre à l'entraînements.
Les débuts ont été très pénibles, mais progressivement la forme est revenue.

Au bout de 3 mois d'entraînement, j'ai participé à une course sur route.
Ce fut un bon test pour savoir où j'en étais.
A ma grande surprise je me classais première féminine sur 10 km. Il faut dire que les participantes n'étaient pas nombreuses !
Mais cela m'avait donné du courage et j'ai retrouvé le plaisir des courses. Ce fut un véritable bonheur.
Le retour aux sources.


Pour des raisons personnelles, après presque 2 ans, j'étais obligée de retourner dans mon pays, et à mon grand désespoir, je constatais que les choses s'étaient encore empirées.
J'ai repris mon travail.
J'ai été affectée dans école primaire dans un quartier très populaire, c'était un tout autre monde.
J'avais affaire à des classes surchargés : 40 gamins, tous déchaînés.
Ici, ils n'ont aucun moyen, leur seul loisir se limite à la séance de sport que je leur donne.
Ils attendent mes cours avec impatience.

Du côté entraînement, il n'était pas question que je laisse tomber, il fallait trouver un endroit pour courir, j'ai découvert un terrain vague pas loin de mon quartier, accessible à tout le monde, mais il n'y avait que des hommes et pas de femmes.
Le travail. Cela ne m'a pas du tout découragée. Au début tout le monde me lançait des regards interrogateurs, mais je ne me suis pas laissée intimider du tout. Et à force de me voir, ils ont fini par s'habituer à ma présence, j'ai même sympathisé avec un groupe de personnes âgées que je prenais en charge bénévolement.
Les bodys et les shorts que je mettais en France sont restés au fond du placard, il me fallait faire attention à la tenue vestimentaire. A présent, je ne mets pratiquement que des survêtements larges pour me faire respecter et accepter.

En dehors de mon travail avec les gosses, je donnais des cours d'aérobic pour les femmes, dans une salle privée.
J'aimais bien cette nouvelle activité. Je me suis formée avec les k7 vidéo et les livres pour acquérir les bases. J'ai obtenu de très bons résultats, mais au bout d'une année j'ai abandonné car je me faisais trop exploiter par le responsable, j'ai d'autres propositions mais je suis un peu sceptique.
La musculation. Il y a 5 mois de cela, j'ai découvert la musculation.
Mes muscles ne sont plus aussi ferme qu'avant et la seule solution était la musculation. J'ai eu la chance de rencontrer sur un bon entraîneur qui me guide très bien.
Il est très étonné de mes capacités, après un mois d'entraînement et de réveil musculaire, il m'a fait faire des tests.
J'ai pu soulever 60 kg au squat et 35 kg au développé couché.
J'ai moi-même été très surprise. A présent, je fais 2 séances de 2 h et 2 séances de footings par semaine.
Les résultats. Tout le monde me dit que j'ai un corps parfait, les femmes n'arrêtent de me m'envier pour mon corps.
Elles veulent toutes devenir comme moi.
Mon entraîneur me dit que je dois m'attendre à ce qu'on me fasse souvent des compliments, mais à force je me sens gênée, je suis très réservée et timide de nature, en plus je me trouve rien de spécial, en me comparant au danseuses que je vois a la télé.

Pour l'instant la musculation est encore une activité nouvelle pour moi. J'apprends et je découvre de petit à petit.
Malheureusement les femmes ont souvent peur de la musculation. A tort, car cela permet de garder un corps jeune.
On me donne souvent moins que mon âge.
L'avenir.
Un jour ma mère m'a dit que j'aurai du mal à trouver un mari.
Aucun homme acceptera d'épouser une femme dans ma situation.
A 33 ans, je suis toujours célibataire. Toutes mes copines de sport sont mariées avec des gosses car elles ont arrêté le sport dès qu'elles sont devenues femme, c'est comme ça ici.
A 18ans, il faut penser au mariage, il faut être bonne à marier.
Ce qui n'est pas mon cas, j'ai fait un choix dans ma vie, je l'assume entièrement et je n'ai jamais regretté.
J'ai mes convictions et des mes principes, mais ce qui me plait par dessus tout, est de travailler avec les enfants. On reçoit beaucoup de bonheur, d'affection et de reconnaissance de leur part.

Je pense que chacun mène un combat dans sa vie et je n'ai aucun regret.
J'ai de l'espoir pour le futur.
Bon courage pour tout ceux qui font du sport,
surtout pour les femmes.
                
Tess.